Les doigts de Baptiste glissaient frénétiquement sur l’écran de son téléphone, ses cheveux noirs plus ébouriffés que jamais derrière ses lunettes. Swipe après swipe, il dévorait les vidéos TikTok de handball, hypnotisé par les gestes techniques des joueurs professionnels.
‘Baptiste ! L’entraînement commence dans une heure !’ criait sa mère depuis le rez-de-chaussée.
Son téléphone vibrait sans cesse avec les messages d’Edouard : ‘T’as vu la nouvelle technique de tir ? On l’essaie tout à l’heure ?’
Mais Baptiste continuait de scroller, tentant maladroitement d’imiter les mouvements avec sa main libre. Il repensait à leur dernière aventure dans le parc d’attractions abandonné, où Pikachu les avait aidés à s’échapper du labyrinthe de miroirs. Pourtant, le voilà de nouveau happé par son écran.
Sylvie, sa grande sœur, passa la tête par la porte de sa chambre : ‘Encore sur ton téléphone ? Tu sais bien que les vraies techniques, ça s’apprend sur le terrain, petit monstre aux cheveux hirsutes !’
‘Encore cinq minutes…’ marmonna Baptiste, faisant une nouvelle grimace tout en essayant de reproduire un geste technique particulièrement complexe.
Soudain, l’écran du téléphone de Baptiste vira au violet intense. Une fumée mauve s’échappa de l’appareil, tourbillonnant dans la chambre avant de prendre la forme d’un Gengar au sourire malicieux.
‘Alors comme ça, on préfère apprendre le handball sur TikTok ?’ ricana le Pokémon spectral.
D’un claquement de doigts violet étincelant, Gengar transforma toute la ville en un immense jeu vidéo pixelisé. Les rues se couvrirent de pixels lumineux, les passants se figèrent devant d’immenses écrans apparus de nulle part, leurs yeux vitreux reflétant des animations hypnotiques.
‘Sylvie ! Maman !’ cria Baptiste en voyant sa famille, comme les autres, hypnotisée par les écrans violets.
‘Pika pi !’ Un petit Pikachu surgit à côté de Baptiste, ses joues crépitant d’électricité inquiète. ‘Il faut faire quelque chose !’ s’écria Baptiste, serrant les poings. ‘On ne peut pas les laisser prisonniers de cette réalité virtuelle !’
Gengar flotta autour d’eux, son rire fantomatique résonnant dans l’air pixelisé : ‘Pourquoi résister ? Le monde virtuel est tellement plus facile…’
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Soudain, dans un tourbillon de pixels violets, Gengar Digital apparut au centre de l’Arena Mixte, son rire malicieux résonnant dans tout le gymnase.
‘Alors comme ça, vous pensez que votre réalité est meilleure que mon monde virtuel ?’ ricana-t-il. ‘Prouvons-le une bonne fois pour toutes ! Un tournoi : mon équipe virtuelle contre la vôtre !’
En quelques minutes, les gradins se remplirent. La ville entière affluait, la plupart des spectateurs les yeux rivés sur leurs écrans où s’affichait le match en streaming. L’équipe de Gengar se matérialisa : des avatars aux statistiques parfaites, leurs mouvements calculés au millimètre près.
Baptiste regarda son équipe : Edouard ajustait ses protège-genoux, leurs coéquipiers s’échauffaient maladroitement mais avec détermination. Pikachu, assis sur le banc de touche, agitait une petite bannière d’encouragement.
Le coup de sifflet retentit. Les avatars de Gengar se déplaçaient dans des traînées de pixels violets, enchaînant des actions impossibles. Mais l’équipe de Baptiste ne se laissait pas impressionner. Ils tombaient, se relevaient, s’encourageaient mutuellement.
‘Allez Baptiste !’ criait Sylvie depuis les gradins. ‘Montrez-leur ce que vaut une vraie équipe !’
Au moment le plus intense du match, alors que les spectateurs restaient hypnotisés par leurs écrans, Edouard récupéra le ballon. Dans un mouvement qu’ils avaient tant répété ensemble à l’entraînement, il s’élança, pivota, et réalisa une roucoulette parfaite. Le ballon fila dans les buts, laissant le gardien virtuel stupéfait.
Le gymnase entier retint son souffle. Ce n’était pas un effet spécial, pas une animation programmée. C’était réel, imparfait mais magnifique.
Un à un, les spectateurs baissèrent leurs téléphones, regardant enfin le vrai match qui se déroulait devant eux. Les encouragements commencèrent à résonner, des vrais cris, des vraies émotions.
Baptiste, le cœur battant, sortit son téléphone. Mais cette fois, ce n’était pas pour copier des mouvements vus sur TikTok. Il voulait capturer ces moments authentiques : le sourire rayonnant d’Edouard, la joie pure sur les visages de ses coéquipiers, les accolades sincères.
‘Tu vois,’ murmura Pikachu en sautillant à ses côtés, ‘la vraie magie n’est pas dans les pixels.’
Le score final tomba comme un coup de tonnerre : victoire de l’équipe de Baptiste ! Les pixels violets qui envahissaient l’arena se dissipèrent peu à peu, et Gengar Digital s’évanouit dans un nuage de fumée mauve, son rire résonnant une dernière fois.
La ville semblait reprendre ses vraies couleurs, plus vives, plus chaleureuses que jamais. Sur le terrain, l’équipe célébrait. Baptiste sentit son téléphone vibrer dans sa poche, mais pour la première fois, il n’eut pas envie de le regarder. Il préférait vivre ce moment, sentir la sueur sur son front, les bras de ses coéquipiers autour de ses épaules, entendre leurs rires.
‘On fait un autre match ?’ proposa Edouard, les yeux brillants. Les gradins se remplirent naturellement, cette fois sans un écran en vue.
Alors que Baptiste s’élançait sur le terrain, son téléphone vibra à nouveau dans sa poche, l’écran clignotant brièvement d’une lueur violette. Mais il savait maintenant que les vraies aventures ne se vivaient pas derrière un écran.
‘Pika pika !’ approuva joyeusement Pikachu en lui faisant un clin d’œil complice.